La bête noire, c’est comme ça qu’il s’intitule soi-même dans un livre homonyme paru en 2012. L’avocat star, connu pour avoir défendu Karim Benzema, Patrick Balkany ou bien d’Abdelkader Merah, complice dans un attentat terroriste, est dorénavant le ministre de la justice. Mais qui est plus exactement Eric Dupont-Moretti et pourquoi sa nomination à la justice dérange ? 


Celui qui défend l’indéfendable :

Eric Dupont-Moretti commence sa carrière en 1984 au barreau de Lille. Durant ses trente ans d’activité, il se fait une réputation pour défendre l’indéfendable. Parmi ces clients célèbres, on compte ainsi plusieurs personnalités politiques françaises comme Bernard Tapie, Patrick Balkany, ou Jérôme Cahuzac. Il plaide aussi dans des procès de meurtre et de viol très médiatisés, assurant même la défense d’Abdelkader Merah, présumé complice dans les attentats terroristes de mars 2012 qui ont frappé Toulouse et Montauban. 

Mais le fait que M. Moretti se retrouve souvent dans la position d’avocat du diable n’est pas le simple fruit du hasard. Car, si on écoute ces propos, on se rend compte que cette position, quelle qu’elle soit controversée, est pleinement assumée. Dans son livre, Bête Noire, M. Moretti se justifie ainsi sur le choix de ces affaires :

La question qu’on me pose régulièrement -” Mais comment pouvez-vous donc défendre un assassin ?” – n’a aucun sens. Primo : nous autres pénalistes, ne faisons pas de morale, mais du droit ; […] Secundo : beaucoup d’accusés reconnaissent avoir commis le crime dont ils répondent, il ne s’agit pas d’entonner le grand air de l’acquittement en dépit du bon sens. Tertio : Si personne ne défend les assassins, il n’a plus de justice, seulement une vengeance légale.

Bête Noire, Eric Dupond-Moretti et Stephane Durand-Souffland

Quand même, les justificatifs de Moretti n’élimine pas l’ombre du doute qui plane sur ses vraies motivations. Et cela, car celui qui se bagarre avec la justice semble avoir cultivé une prédilection pour certaines affaires juridiques. Avec des dizaines d’acquittements dans des affaires de viol et de corruption qui se rassemblent, une question se relève… Et si Eric Dupont-Moretti n’est pas le défenseur des criminels face aux vengeances légales, mais bien leur ange gardien ? Ses critiques ne tardent pas à le montrer du doigt d’ailleurs : Eric Dupont-Moretti serait le défenseur de prédilection de violeurs et de corrompus. 

Ses coupes de gueule médiatiques : 

Si sa carrière d’avocat laisse place au débat digne du film Le pont des espions, ses interventions télévisées sont beaucoup plus clivante. Notamment sur le sujet de harcèlement sexuel, sur laquelle l’avocat a créé plusieurs fois le buzz. Ainsi, en 2018, Moretti, invité sur le plateau de BFM TV, s’opposait à la loi contre le harcèlement : << Il y a une très vieille dame que j’adore qui m’a dit ‘Moi je regrette de ne plus être sifflée”>> et que le gouvernement << déconne complètement>> sur la question. 

Une autre sortie problématique de M. Moretti qui date aussi de 2018 est celle sur les <<promotion canapé>>. Le 19 novembre, dans Les Grandes Gueules du même BFM TV, il dit : <<La starlette qui va voir un producteur célèbre et lui dit ‘je veux devenir une star’, et l’autre lui répond ‘d’accord, mais tu couches’. Si elle couche, ce n’est pas un viol, c’est une promotion canapé. Et j’ajoute que ne pas considérer cela, c’est faire injure à toutes les femmes qui ont le courage de dire non.>> 

Cette type des prises de position de la parte de M. Moretti, elles en reviennent toujours à la télé, comme dans la presse pour la sidération des féministes. Ce sont ces types de coupes de quelle du passé qui ont déterminé les protestations de ces dernières à la suite de sa nomination :   

 

Mais, au-delà de toute autre chose, c’est sa nomination qui dérange…

Qu’Eric Dupont-Moretti soit une personnalité clivante, on connais ça depuis longtemps. Qu’il soit détesté par beaucoup, on sait cela aussi… Mais ce qu’il a fait son nom d’apparaître dans les trendings ces derniers jours, c’est sa nomination à la justice ! L’annonce, tombée le lundi, 6 juillet, c’est la vraie étincelle qui a déclenché le feu ! Depuis, l’indignation sur les réseaux sociaux n’a pas cessé de monter.

Qu’une telle figure occupe une position si importante dans le nouveau gouvernement, serait une erreur impardonnable et, à vrai dire, celle-ci pose quelques problèmes majeurs.

Eric Dupont-Moretti, ici à l’Assemblée Nationale pour sa première allocution.

Premièrement, sa nomination comme garde des Sceaux trahit les attentes de beaucoup de gens. Car, après le départ d’Edouard Philippe, l’ex Premier ministre extrêmement populaire et les promesses d’Emmanuel Macron de former un gouvernement de rassemblement, les Français attendait tout autre profil de ministre que celui de Moretti. Aussi, l’entrée de Dupont-Moretti à la justice semble être en désaccord avec l’ambition initiale du président de faire de la parité homme-femme une question centrale du quinquennat. Chose qui fait que certains, comme les féministes, déplorent l’abandon total de cette cause.  

Deuxièmement, son discours provocateur menace la cohabitation, car évidemment, il y a dans le gouvernement des personnalités qui lui sont naturellement opposées. Comme Marlène Schiappa, celle qui avait introduit la loi sur le harcèlement, où Élisabeth Moreno, ministre déléguée d’égalité femme homme. 

Et finalement, nommer Eric Dupont-Moretti à la justice, ça peut menacer même le fonctionnement de la justice. Car c’est n’est pas si absurde que ça de penser qu’on peut voir avec lui des ingérences dans le système judiciaire. Sans être a priori sur, étant proche des procès politisés, c’est difficile de n’est pas y penser ! Ajoutant sa bagarre continue avec la Magistrature, on a les prémisses de ce qui pourrait mal finir. 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here