On dit que partir en Erasmus à l’étranger est l’une des expériences exceptionnelles de la vie d’un étudiant. Cette année, à cause de la pandémie, beaucoup de jeunes se sont montrés réticents à quitter leur pays. Toutefois, en ce qui suit, nous allons connaître les expériences de 2 filles roumaines, très courageuses et assez fascinées par la culture française pour laisser de côté le virus et réaliser leur rêve de partir en Erasmus en France.
Andreea Alexandru et Evelina Craciun sont étudiantes en troisième année à la Faculté de Langues et Littératures Étrangères à l’Université de Bucarest. Les deux étudient la langue française, Andreea étudie la philologie et Evelina étudie la traduction et l’interprétation. En janvier 2021, elles prenaient l’avion jusqu’à Aix-en-Provence pour leur premier rendez-vous avec la France. Elles ont partagé la même aventure, là elles ont liè même leur amitié.
Maintenant, après être de retour en Roumanie, elles ont accepté de partager avec nous leurs expériences et nous vous invitons à découvrir ce qu’elles ont répondu à nos questions :
POV21 : Est-ce que tu peux nous dire quelques mots de toi ?
Andreea : Bonjour! Je m’appelle Andreea, j’ai 20 ans et la plus grande passion que j’ai développée au fil du temps est la langue française. Maintenant, je suis étudiante en troisième année à la Faculté de Langues et Littératures Étrangères de l’Université de Bucarest. Ici, j’étudie la langue française (pour l’approfondir) et la langue russe.
Evelina : Bonjour! Je m’appelle Evelina et je suis bientôt étudiante en troisième année à la Faculté de Langues et Littératures Étrangères où j’étudie la traduction et l’interprétation bilingue ; pour être plus précise, j’étudie le français et l’allemand. Le français est ma première langue et je suis débutante en allemand. Quand j’étais en deuxième année de licence – pour être plus précise, pendant le deuxième semestre – j’étais la bénéficiaire d’une bourse Erasmus en France, ce qui m’a fait plaisir étant donné que j’étudie le français depuis dix ans maintenant. Et c’était une vraie opportunité pour moi.
POV21 : On sait que tu es partie en France avec un programme Erasmus au début de cette année. Pourquoi la France ? Et quelle université as-tu choisi ?
Andreea : Je pense que la réponse à la question „Pourquoi la France?” est plus qu’évidente. Je considère que l’espace français est le meilleur moyen d’apprendre beaucoup de choses en ce qui concerne la langue et la culture françaises. Dans mon parcours scolaire (et culturel aussi) en France, j’ai découvert que ce pays est plein de beauté, les villes sont magnifiques ! Je suis tombée amoureuse de ce merveilleux pays.
En France, j’ai choisi Aix-Marseille Université, l’une située sur la Côte d’Azur dans la ville d’Aix-en-Provence.
Evelina : Pourquoi la France ? Comme je l’ai déjà dit, j’étudie le français depuis longtemps et j’ai toujours été fascinée par la France et par la langue française bien entendu. Et dès que je me suis inscrite à la faculté, dès la première année de licence, je me suis dit que je devais aller et faire un Erasmus en France pour étudier là, même pour un semestre, parce que je pensais que c’était une bonne opportunité pour moi, pour voir les possibilités que la France a à offrir si jamais je me décide de continuer mes études en France. Et c’est pour cela que j’ai choisi la France.
C’était un Erasmus Civis où il y avait quelques universités de plusieurs pays, parmi lesquelles l’Université Aix-Marseille de France. Et pour moi, étant donné que j’étudie le Français à la fac, la France était la meilleure opportunité pour faire un Erasmus.
POV21 : Tu es partie en pleine pandémie. Comment cela a influencé ta décision ? As-tu eu peur ?
Andreea : Même si, à ce moment-là, la pandémie battait son plein, ça ne m’a pas empêché de réaliser mon rêve. J’étais sûre que je partirais avant même postuler/appliquer au programme Erasmus. J’étais très très déterminée en ce qui concerne ma décision.
J’ai eu peur juste au moment où j’ai foulé le sol français, je me sentais un peu perdue dans un pays étranger, loin de chez moi, toute seule, mais, enfin, c’était une très belle expérience.
Evelina : Quand j’ai vu la liste des universités partenaires et quand j’ai vu qu’il y avait aussi une université en France pour faire l’Erasmus, j’ai pensé que ça ne valait pas la peine, étant donné qu’on était en pleine pandémie et que la situation était assez grave en Roumanie et surtout en France. Et j’ai pensé que je n’aurais jamais pu bénéficier d’une vraie expérience Erasmus étant donné les restrictions et donc j’ai hésité un peu. Mais toutefois je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’opportunité d’étudier en France pendant presque 6 mois. Je ne savais exactement quoi faire, si je devais appliquer ou pas.
Un soir, je me rappelle, je cherchais des informations à propos des suites universitaires, à propos des facultés pour lesquelles je pouvais appliquer et quand j’ai vu toutes les informations et les photos de la fac qui était magnifique, j’étais presque prête à y postuler et à remplir tous les formulaires.
Mais j’avais encore besoin d’un signe et c’est en ce moment là qu’une amie nous a dit (à moi et à mes autres amies, parce qu’on avait beaucoup beaucoup parlé entre nous et on voulait toutes y aller) “ Bon, les filles ! Moi, j’y vais. Je vais appliquer. Même sans vous, je vais le faire.” Et je pensais que c’était le signe dont j’avais besoin. Vraiment. Elle était si décidée qu’elle m’a fait prendre la décision à ce moment-là. Et moi j’ai dit “tu sais quoi? J’y vais aussi” Et tout en parlant, on a toutes décidé d’y aller ensemble, on a tout fait ensemble: On a eu de la chance l’une avec l’autre. C’était vraiment une connexion entre nous qui nous a fait avoir le courage d’appliquer. On était vraiment dirigées par la même volonté. Et c’est comme ça qu’on a pris la décision.
POV21 : Est-ce que l’expérience d’étudiant Erasmus en France a été comme tu te l’imaginais ? A-t-elle été affectée par la Covid ?
Andreea : Oui, c’était presque comme je l’imaginais. Bien sûr, la pandémie a affecté mon expérience dans une certaine mesure, mais cela ne m’a pas empêché de rencontrer de nouvelles personnes, de voir de nouveaux endroits et de me faire de nouveaux amis.
Evelina : L’expérience d’étudiant Erasmus a été encore meilleure que ce que j’imaginais. Parce que j’ai pensé que, étant donné que les cours étaient en ligne, ça ne va pas être si amusant. Mais non, parce qu’il y avait une organisation de bénévoles : Erasmus Student Network et chaque fin de semaine ils organisaient des activités collectives et des visites pour que les étrangers puissent prendre contact et pratiquer la langue française avec des vrais français et francophones, et pas seulement avec les autres collèges aux heures de cours. Et on a eu la chance de connaître de vrais francophones, de connaître d’autres étrangers qui parlaient le français et de lier des amitiés.
C’était vraiment magnifique de parler avec un etranger dans une langue aimée par les deux. Il y avait une connexion à ce niveau là qui était renforcée par le désir de pratiquer la même langue, de parler et de parler. C’était une vraie expérience, parce qu’en Roumanie tu n’es pas habitué à parler dans une autre langue, surtout en français. Et quand tu es là, tu dois parler en français à chaque minute, à chaque personne que tu rencontres.
Et concernant le virus, oui. L’expérience a été un peu affectée parce que l’école était toujours en ligne, mais ils acceptaient aussi des cours en format hybride. Donc je pouvais aller à l’université, rencontrer mes collègues et mes profs et voir la manière dont ils choisissent d’enseigner.
POV21 : Qu’est ce tu peux nous dire sur le système universitaire d’Aix-Marseille ? Est-ce que tu peux faire une comparaison avec celui de Roumanie ?
Andreea : Les enseignants sont déterminés, compréhensifs et bien formés. Ils se concentrent beaucoup plus sur la côté pratique des objets et moins sur la théorie, car retenir/apprendre ce dernier ne signifie pas nécessairement le comprendre et je suis totalement d’accord avec cette méthode, c’est l’une efficace. La structuration et la schématisation sont leurs points forts. Je suis contente d’avoir eu la chance d’étudier en France avec ce type de professeurs.
Evelina : Etant donné que je suis partie en pandémie, même en France, au début, l’école était en ligne. Au fur et à mesure, les profs ont proposé le format hybride, ce qu’en Roumanie n’était pas envisageable à ce moment-là. Et j’ai eu la chance d’aller à la fac, de faire les cours en présentiel et de communiquer un peu avec les profs et mes collègues, des gens qui parlent le français véritable, et qui, de plus, étudient la même chose que moi.
Un autre aspect que j’ai observé en France c’est que l’emploi du temps n’est pas si chargé. En Roumanie, par exemple, je trouve que notre emploi du temps est surchargé de temps en temps. Par exemple, pendant le premier semestre de ma deuxième année: le vendredi était surchargé, j’avais des cours de 8h du matin jusqu’à 8h du soir, sans pause. Donc 12 heures sans pause. Si tu avais la chance de prendre un pause et de manger quelque chose, tant mieux, sinon tant pis. Mais en France, ils avaient même un jour libre pendant la semaine. Pour moi c’était le mercredi, mais je trouve que ça c’est passé parce que j’ai pris mes cours de telle manière que j’avais un jour libre. Et j’avais des cours, je pense, jusqu’à 17 heures, peut être 18 heures moi, et jamais le soir. Bon, j’avais un cours de langues le soir, qui était imposé par notre fac parce qu’on était des Erasmus, mais autrement, aucun cours le soir. En Roumanie, on a la majorité des cours l’après-midi ou le soir.
Concernant les devoirs, en Roumanie je trouve que le volume de devoirs est assez grand. En France je pense que les devoirs sont plus pratiques et ils ne sont pas si durs.
Concernant les examens, en Roumanie je dois passer environ 11 ou 12 examens. En France je n’ai eu que 5, peut être 6. Mais on avait aussi de dossiers; on recevait le sujet et on avait une semaine pour rédiger notre texte et l’envoyer. Et aussi en France il y a quelque chose qui s’appelle control continu, donc on a des devoirs pendant l’année, on est contrôlé pendant l’année, quand on répond aux questions que les profs nous posent, quand on vérifie le devoir. C’est ça le contrôle continu, tu est contrôlé pendant l’année donc à la fin tu n’as pas un examen, dans la majorité de cas.
Bref, même si je suis roumaine, je trouve le système éducatif en France plus pratique que celui en Roumanie. C’est mon opinion sincère parce qu’en France je me sentais plus libre de réviser, d’aller à la cantine, de relationner avec avec les gens, parce que mon emploi du temps n’était pas si chargé. Et même pendant la session des examens, je pouvais réviser et aussi me reposer, prendre mon temps pour assimiler l’information; qui normalement était déjà assimilée pendant les cours. Parce que les cours n’étaient pas si longs. J’avais aussi des cours qui durent 3h, ce que je ne trouve pas si pratique parce que c’est un peu trop. Mais pour la plupart des cours, je pouvais me concentrer parce qu’ils durent 1 heure, une heure et demie, ou parfois 2 heures, comme en Roumanie.
En plus, en France il y avait beaucoup d’organisations qui soutiennent les étudiants. Par exemple, chaque lundi on avait des bénévoles qui organisaient une sorte d’événement pendant lequel on pouvait y aller pour prendre ce dont on avait besoin. Par exemple, il y avait de la nourriture, des vêtements, des légumes et des fruits, et tu pouvais prendre tout ce que tu voulais sans payer. Et je pense que c’est très important, parce qu’en tant qu’étudiant, tu n’as pas beaucoup d’argent, seulement l’argent que tes parents te donnent. Si tu as la chance de trouver un boulot, si ton emploi du temps te le permet, tant mieux. Mais pour la plupart des étudiants, ils n’ont pas beaucoup d’argent. Et de cette façon, on pouvait économiser l’argent qu’on aurait dépensé sur la nourriture, car on recevait tout sans payer. Et je pense que c’est important qu’il y ait une organisation comme ça qui comprenne les besoins des étudiants, non seulement sur le plan académique, mais aussi sur le plan personnel. Et pour nous, étudiants et étrangers en France, c’était ce dont on avait besoin pour garder l’argent pour d’autres choses. Par exemple moi, j’ai fait des économies et j’ai pu voyager avec mes amis. J’avais déjà reçu ce dont j’avais besoin pour cuisiner, pour le ménage, j’avais aussi des produits pour le visage et pour le corps. Je ne devais plus rien acheter. Et du coup, j’ai voyagé.
POV21 : Qu’est-ce que tu as aimé le plus de toute cette expérience ?
Andreea : Je peux dire que ce que j’ai le plus aimé, c’était voyager et me faire de nouveaux amis. À cette occasion j’ai découvert la culture et la façon dont les Français occupent leur temps. Je suis devenue amie avec des gens et filles avec qui je ne pensais pas m’entendre. Avec ces personnes j’ai vécu des moments inédits que je n’oublierai jamais.
Evelina : Je pense que ce que j’ai aimé le plus c’est la ville parce que c’est si belle; tu ne peux pas t’ennuyer là. Et l’organisation de bénévoles, parce que chaque week-end et avec chaque activité, on parlait plus, on se connaissait plus, on avait commencé même à se rencontrer en dehors de ces activités, et à la fin de la journée, on était comme une vraie famille. Au début j’étais si timide, je n’avais pas le courage de parler et ces gens m’ont fait parler, m’ont fait gagner de la confiance en moi-même. Et m’ont fait parler de telle manière qu’à la fin de la journée j’étais capable d’entraîner une conversation de longue durée. En fait j’étais toujours capable, mais je n’avais pas confiance. Mais eux, les gens qui étaient inconnus pour moi au début, ils avaient confiance en moi. Maintenant, grâce à leur support, je peux parler en français sans avoir peur et j’ai même trouvé un emploi où je dois travailler avec la langue française, où je dois répondre aux appels en français, ce qui n’était pas envisageable pour moi au début.
A vrai dire, je ne pense pas que je puisse choisir un seul aspect parce que j’ai vraiment tout apprécié et tout aimé de cette expérience. Même la nourriture de la cantine, qui était vraiment délicieuse. J’ai tout aimé. Le temps passé avec les français, avec mes amis français et surtout le temps passé avec mes amies roumaines, parce que pendant 5 mois elles sont devenues mes soeurs et j’ai déjà hâte de les revoir.
POV21 : Peux-tu nous dire 3 choses qu’on apprend en tant qu’étudiant Erasmus ?
Andreea : Trois choses très importants que cette expérience en tant qu’étudiante Erasmus t’apprend sont :
– si tu ne fais pas une certaine chose, personne ne le fera à ta place, tu es tout seul ;
– si tu ne dépasses pas ta zone de confort, tu ne pourras pas tout gérer ;
– si tu n’apprends pas, personne ne le fera à ta place.
Evelina : J’ai appris la langue encore plus, parce que même si tu étudies le français à l’école, au collège, à l’université, quand tu te trouves dans un pays étrangér, tu verras que les gens qui peut être ont le même âge que toi emploient un langage plutôt familier, pas si soutenu; comme tu as appris à l’école. C’est un langage familier que tu dois aussi connaître pour pouvoir les comprendre et pour pouvoir leur parler.
Un autre aspect : moi; comme j’ai déjà dit, j’étais si timide et tout au long de cette expérience j’ai appris à me faire confiance, à laisser aller cette peur de ne pas pouvoir parler et personnellement je pense que j’ai gagné beaucoup de confiance en moi même et aussi en ce qui concerne mes habiletés en langues française, parce que je devais me débrouiller au magasin, à la fac, à la cantine. Donc j’ai arrêté les pensées qui me disaient que si je parlais je faisais une faute. Et j’ai commencé à parler de plus en plus. Et voilà ! Maintenant, je pense que je suis plus capable.
Et ce que j’ai appris de plus : quand tu es étudiant, la vie ne s’arrête pas. La vie des étudiants ne signifie pas seulement réviser, bien passer des examens, faire des devoirs. Non ! La vie d’étudiant peut signifier de petites rencontres avec tes amis, faire des soirées avec tes collègues, tant que tu es responsable. La vie d’étudiant est si belle parce que tu es encore jeune, et tu ne dois pas tant te soucier de ton avenir parce tu oublie de vivre dans le présent. Moi, je m’en suis rendu compte et dès maintenant je vais encore réviser, faire les devoirs et bien passer mes examens, mais je vais aussi bien m’amuser. Tant que je suis responsable, ça ne va pas affecter mon parcours scolaire. J’en suis sûre.
POV21 : Donne 3 conseils aux étudiants qui voudraient partir avec Erasmus.
Andreea : 1. Aie confiance en toi et en tes pouvoirs !
- Apprend à t’adapter rapidement à n’importe quelle situation !
- Sois toi et fais que les autres te connaissent !
Evelina : Pour les étudiants qui vont partir en Erasmus, n’ayez pas peur ! S’il y a cette petite voix dans votre tête qui vous dit que vous devez partir et faire un Erasmus en étranger, écoutez-la ! C’est votre instinct qui vous parle et vous devez l’écouter. Même si ça peut être un peu difficile au début, avec toutes les démarches. Cela en vaut la peine, je vous assure.
Ne renoncez pas, parce qu’au-delà de ces démarches et de tous ces formulaires à remplir, il y a un monde qui vous attend. Et je vous assure, si vous avez le courage de partir, il est impossible de le regretter après.
C’est une expérience qui apporte beaucoup de bénéfices, tant sur le plan professionnel – parce que, même si je n’ai aucune expérience car c’est mon premier emploi, je travaille maintenant avec la langue française – et mes patrons m’ont offert l’emploi parce que dans mon CV il y avait une expérience Erasmus. Et aussi sur le plan personnel parce que personnellement, je pense que c’était la meilleure période de ma vie et la plus heureuse.
POV21 : Veux-tu nous dire quelque chose de plus ?
Andreea : Bonne chance à tous et à toutes!
Evelina : J’espère que les étudiants qui ont eu besoin d’un signe pour partir et faire un Erasmus, j’espère que pour vous ça y est. Et je vous remercie surtout parce que chaque fois que je parle de cette expérience, ça me fait chaud au cœur parce que même si c’était une petite partie de ma vie, il a été la partie qui l’a changé, et qui m’a changé. De cette expérience Erasmus, la ville Aix-en-Provence restera toujours dans ma mémoire et surtout dans mon cœur.
Je vous remercie ! Et étudiants, s’il vous plaît, prenez cette décision de partir et je vous assure que ça en vaudra la peine !