On traverse une période où les femmes sont dans une manque totale de leurs petits trucs de beauté. Mais est-il le confinement l’ennemi de la beauté ? Ça peut déclencher une vraie angoisse.
Enfermées entre quatre murs, les femmes traversent une période ou la charge mentale. Déjà omniprésente s‘ajoute ainsi une forme de « charge » esthétique.
On doit profiter de cette période ? Ou on ne doit pas subir le regard des gens pour lâcher un peu prise sur notre apparence, de mettre notre corps au repos ?
Voilà donc quelques témoins :
Barbara a 31 ans, se met aussi beaucoup moins la pression. Elle qui a grandi à la campagne dans un endroit très isolé et a toujours accordé peu d’énergie à son apparence. Elle confie : « L’été dernier, j’ai passé un mois dans cette maison d’enfance. Je me couchais le soir avec mes habits et je me relevais avec les mêmes vêtements pour retourner travailler dans le jardin. Quand je suis là-bas, je ne peux pas me laver les cheveux pendant deux semaines et je m’en fiche. Je retrouve ça pendant le confinement et je trouve cela assez jouissif ».
Léa, une étudiante à Rennes de 22 ans, confie qu’elle ne s’épile plus depuis cinque années déclare : « Je n’ai pas de toute envie de m’imposer ça de nouveau, affirme-t-elle. Mais là, l’avantage, est que je n’ai plus à subir le regard des gens. » Elle accorde aussi moins d’importance à l’aspect de ses cheveux : « Je ne vois pas de raison de les laver aussi souvent que d’habitude puisque personne ne peut me dire que j’ai l’air sale ».
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Dans cette période de confinement, l’absence du regard des autres, si ce n’est des personnes avec qui l’on est confiné, permet de se libérer d’un poids.
De point de vue sociologique, on sait déjà que l’apparence et tout le travail réalisé sur le corps est partiel. En fait, selon certain gens, c’est influencé par le regard des autres. Les images que l’on souhaite produire pour les autres.
En conséquence, l’ennemi de la beauté est chaqun d’entre nous face aux nous-mêmes.
Camille Couvry, chercheuse en sociologie au laboratoire des dynamiques sociales, l’université de Rouen-Normandie, coorganisatrice du séminaire de recherche « corps et beauté ».
« L’apparence est un des éléments qui peuvent être déterminants dans les rapports. D’autant plus lorsque l’on vit dans des espaces denses. Plus on est dans une communauté restreinte, moins ce facteur-là peut compter. Quand on est isolé. Et cela peut donc être un critère dont l’importance change ». Les seules fois où Léa s’est épilée ces dernières années, c’était d’ailleurs pour se rendre à un mariage et à un repas de famille.
En confinement, les « critères de démarcation physique », la beauté, s’envolent et la ritualisation dans la construction de notre image est modifiée. Traditionnellement, on se prépare chez soi et, quand on sort dans la rue, on arbore une image publique. Bien sûr, ce type de routine ne s’applique qu’aux personnes qui ont la possibilité – par choix ou par nécessité – de rester à leur domicile. Et celles qui télétravaillent n’échappent pas à tout échange social.
Barbara dit qu’elle respecte encore quelques rituels de beauté seulement grâce avoir ce métier de journaliste.
Elle déclare : « La seule chose qui m’oblige à me laver les cheveux en ce moment, c’est la réunion hebdomadaire en vidéoconférence. Ce matin, j’ai complètement oublié de les laver, mais je les ai brossés et j’espère que ça ne se verra pas trop ». Elle s’estime par ailleurs plus productive dans ces conditions.
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En ce moment, c’est presque indispensable de créer une autre forme d’injonction, prendre soin de soi et de son corps. Le sociologue Camille Couvry tient à nuancer : « Je pense qu’il y a aussi des facteurs psychologiques à prendre en compte. Des personnes vont continuer à avoir des rituels pour garder un rythme, pour garder le moral, avec l’idée de ne pas se laisser aller. Ce confinement peut donc aussi conduire à une augmentation des pratiques en autonomie, en ‘do it yourself’, à se couper les cheveux chez soi par exemple ».
Pour son part, Bernard Andrieu croit que cette période peut aussi être une source d’approfondissement.
Redécouvrir de soi, de quelque chose qui est le contraire d’une logique de la performance où je vais avoir tendance à m’oublier »
C’est aussi l’opinion d’Ingrid, qui a 47 ans et qui a déjà sept enfants, elle déclare : « Plus je vieillis, plus je me fiche du regard des autres et encore plus en ce moment. Je pense que je me poserai beaucoup moins de questions sur ce que les gens pensent de moi après ce confinement. L’ennemi de la beauté ? N’importe quoi. On vit un truc assez fou, alors si on a la chance que tout se passe bien pour nous, il faudra se comporter autrement après tout ça ».
En ce qui le concerne, Marine déclare qu’elle va continuer sur la même lancée et sera plus indulgente avec elle-même. Elle comprit en ce qui concerne une éventuelle prise de poids qu’en fait peut déclencher une pression qui n’est pas indispensable dans un moment et une période comme ça elle dit : « En Espagne, c’est très dur, on ne peut même pas sortir une heure par jour en dehors des courses. Ici, un jogging, c’est une amende. Mais j’ai aussi relâché la pression par rapport à ça. Je me dis que ce n’est pas grave ».
Ce confinement est une bonne période pour faire disparaître la petite voix jugement qui semble être toujours dans notre tête et de commencer à adopter la moto : « Je le pense parce que je sais, je n’ai pas fait ces choix pour les autres, mais pour moi. »
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