À partir de sa naissance, le développement de l’enfant devrait être la priorité des parents. Même si on n’est pas conscient du développement des enfants, c’est en fait comme un mur qui se compose des briques de tous les domaines, inclusivement de ceux des contes de fées, même si l’idée de lire ce type de fiction est perçue comme une routine pendant l’enfance. Voyons donc quels sont les bienfaits du conte de fées pour le développement de l’enfant.
Si on parle du point de vue de la définition et les caractéristiques, le conte est en fait une pure fiction. C’est un récit bref, écrit en prose ou en vers, souvent merveilleux, dont la trame narrative est un peu compliquée. Le conte débute généralement par une formule d’ouverture, la plus célèbre étant « Il était une fois ». On y trouve une panoplie de personnages : humains, animaux, objets personnifiés qui ne sont pas individualisés, puisqu’on ne sait jamais de quoi il s’agit exactement. En effet, les personnages ont rarement un nom et sont plutôt désignés par un surnom caractérisant un trait physique comme le Petit Poucet, un accessoire (Cendrillon) ou un vêtement comme Le Petit Chaperon Rouge. Parfois, ils sont désignés par leur fonction sociale (le roi, la princesse, le marquis, le pêcheur…) ou bien par leur situation familiale (la veuve, l’orphelin…).
Si on parle strictement de la fonction du conte J.C Denizot, il résume les fonctions des contes en trois fonctions essentielles. Selon lui, le conte a une fonction sociale car il « ne peut qu’exister que par l’échange et la communication ». Paul Delarue regrette d’ailleurs la fonction sociale du conte qui disparaît peu à peu : « Le conte de tradition orale a presque complètement perdu sa fonction esthétique et sociale qui était de recréer les assemblées de paysans et d’artisans durant les longues veillées d’hiver […] ». Le conte présente également une fonction psychologique que l’on retrouve à travers l’imagination, la création et l’identification aux personnages. Il contient une fonction pédagogique ou éducative. Cette dernière fonction fait la synthèse des deux précédentes. J.C Denizot la définit ainsi : « Elle les unit, les fond en permettant à l’individu de rencontrer le groupe et en offrant au groupe l’occasion d’intégrer l’individu ».
Le développement de la personnalité de l’enfant à travers le conte
Au premier plan de l’activité psychologique du lecteur ou de celui qui écoute un conte, l’identification au personnage signifie un investissement affectif capital. L’enfant met à l’épreuve sa capacité de manipuler ses émotions dans un sens productif. La possibilité de trouver dans les contes des personnages qui expriment des émotions vécues par le jeune lui permettent de s’ajuster à la réalité environnante. Grâce au phénomène d’identification, l’enfant va pouvoir se créer une véritable identité, en se mettant à la place du héros et en partageant ses expériences. L’enfant réalise alors qu’il pourra lui aussi faire face à ses difficultés. Le conte rassure l’enfant dans son appréhension du monde. Pour faciliter cette identification, le héros ou l’héroïne porte souvent un prénom court ou une étiquette relative à des thermes généraux ou descriptifs, par exemple, Boucle d’Or, ou Le Petit Chaperon rouge.
Les enfants s’identifient généralement au héros ou à l’héroïne de l’histoire. Cependant, il est possible que le jeune enfant puisse également s’identifier à un personnage négatif du conte. Selon René Diatkine, « L’amateur de contes peut aussi bien reconnaître chez un personnage sympathique une référence plus ou moins allusive à un aspect de son idéal du moi, qu’être soulagé parce qu’il repère chez un personnage antipathique une mauvaise partie de lui-même, dont il peut se débarrasser dans un jeu qui ne dure que l’instant d’un conte».
L’identification au personnage permet à l’enfant de vaincre sa peur, de grandir ainsi que d’atteindre sa maturité. En effet, la peur des situations imprévues peut amener les jeunes à prendre confiance en eux. Ainsi, les actions des personnages de contes permettent de servir comme modèles aux actions menées par les jeunes lecteurs. Le jeune enfant a besoin qu’on lui fasse confiance. C’est précisément l’image que proposent plusieurs protagonistes de contes. En s’identifiant à eux, l’enfant acquerra progressivement la confiance dont il a besoin pour évoluer dans la société enfantine et au sein de la famille. De nombreux contes nous démontrent que même l’être le plus insignifiant peut réussir.
Les contes permettent aux enfants de trouver un certain équilibre dans leur personnalité. Ainsi, Bettelheim précise qu’il faut « Mettre de l’ordre dans sa maison intérieure», tel est le message délivré par le conte à l’enfant. Ces contes amènent l’enfant à lutter contre les difficultés de la vie et à ne pas se laisser abattre par le réel. L’équilibre de la personnalité repose sur une trilogie du ça, du moi, et du surmoi selon le célèbre psychanalyste Sigmund Freud. Le « ça » représenterait le côté pulsionnel de notre nature animale, que l’on pourrait associer aux animaux malfaisants des contes comme le loup. Le « moi » aménagerait les conditions de satisfaction des pulsions en tenant compte des exigences du réel. Quant au « surmoi », il permettrait de renoncer aux pulsions. L’apparition du « surmoi » est en outre liée à la prise de conscience de l’existence d’une réalité extérieure. Cet équilibre faciliterait chez l’adulte une intégration satisfaisante des deux mondes: de la réalité et de l’imagination.
Cependant, la pensée magique caractérise les enfants de maternelle alors qu’ils ne font pas encore une nette distinction entre le réel et l’imaginaire. Pour plusieurs d’entre eux, la réalité du conte coexiste avec leur réalité imaginaire. Par la suite, les enfants glissent progressivement vers l’abstraction et la pensée formelle, vers la distinction du réel et de l’imaginaire comme le souligne C.Guérette, et S.Roberge Blanchet. De plus, comme l’explique C.Lévi Strauss, « La sensibilité et l’imagination sont les instruments d’une relation au monde extérieur et intérieur. Elles jouent un rôle majeur dans le développement de la première enfance […] ».
La peur des situations imprévues peut amener les jeunes à prendre confiance en eux. Ainsi, les actions des personnages des contes permettent de servir de modèles aux actions menées par les jeunes lecteurs. Le jeune enfant a besoin qu’on lui fasse confiance. C’est précisément l’image que proposent plusieurs protagonistes des contes. En s’identifiant à eux, l’enfant acquerra progressivement la confiance dont il a besoin pour évoluer dans la société enfantine et au sein de la famille.
D’une manière générale, les monstres, les sorcières, les personnages effrayants ne sont que des projections imaginaires des fantasmes que l’enfant porte en lui : peur d’être abandonné par ses parents, peur d’être dévoré, peur de la rivalité fraternelle… A toutes ces angoisses, les contes sont utiles en aidant les enfants à se projeter dans ces histoires qui, généralement, finissent bien. Malgré toutes les épreuves, le conte a une fin heureuse et l’enfant est alors rassuré.
La peur peut donc être dépassée, et comme le dit Bettelheim, « Le déplaisir initial de l’angoisse devient alors le grand plaisir de l’angoisse affronté avec succès et maîtrisée ». La meilleure preuve est que les enfants réclament des contes, en particulier ceux qui font peur et qui leur permettent de s’assurer qu’ils ne seront ni abandonnés, ni dévorés, puisque ces choses-là n’arrivent que dans les contes. Le conte trace ainsi la véritable frontière entre la réalité et la fiction, mais celle-ci reste abstraite pour des enfants de maternelle.
La personnalité des enfants s’affirme entre le moment où ils commencent à fréquenter l’école maternelle et celui où ils terminent leur primaire. Plusieurs changements majeurs se produisent et ont un impact dans la vie des jeunes lecteurs ou auditeurs des contes. L’apprentissage de la vie sociale est un des aspects majeurs du développement de la personnalité, et pour cela, l’enfant doit : s’intégrer dans un groupe, chercher à s’y affirmer, développer des conduites sociales acceptables. La socialisation est l’un des principaux objectifs du cycle 1, c’est pourquoi mon objet d’étude se porte essentiellement sur la maternelle.
Les contes transmettent aux enfants des valeurs. Ainsi, ils privilégient le rapport à autrui. En effet, le héros n’agit guère seul dans sa quête, mais un bon nombre de personnages lui est associé, que ce soit des adjuvants ou des opposants. Dans l’ouvrage, Le conte et l’apprentissage de la langue, les auteurs précisent que Gianni Rodari évoque d’ailleurs le conte dans sa dimension socialisante pour l’enfant en affirmant que : « Le conte est « un des instruments de sa socialisation ».
Catherine Velay-Vallentin rejoint l’idée que le conte participe au processus de socialisation chez le jeune enfant, « dans la mesure où son héros, anonyme le plus souvent, pourrait être tout un chacun ; c’est un être jeune, et les épreuves qu’il subit doivent lui permettre de devenir adulte, c’est-à-dire de se marier et hériter d’un royaume, donc gouverner au lieu d’être gouverné ; pour ce faire, il doit se libérer des images parentales […] ». Selon elle, le conflit avec les parents aboutit à un dénouement heureux. Le conte nous propose donc une vision optimiste du monde tout en se présentant comme une fiction. Il est donc nécessaire à la maturation des jeunes enfants.
Dans la vie de chaque enfant, il y a un moment où il doit apprendre à vivre ensemble dans une communauté régie par des règles collectives. Cet apprentissage est difficile pour les jeunes enfants qui gèrent généralement leurs conflits avec leurs pairs par la violence. Cette dernière croît dans les écoles et il s’agit de savoir comment y faire face. Cependant, cette violence peut être régulée par la lecture des contes en classe. En effet, selon Renaud Hétier, « les contes pourraient alors nous nourrir d’une sagesse de la violence, qui permette de penser, de transformer cette dernière ».
Les contes eux-mêmes sont porteurs de violence. La violence qui se manifeste sous différentes formes, touche les relations familiales et sociales. Ainsi, les personnages se trouvent dans des situations où on exerce la violence. Ils sont tantôt mis à l’écart ou soumis par leurs proches, tantôt exclus, abandonnés ou subissent de mauvais traitements. Toutefois, cette violence, mise en scène dans les contes, n’est là que pour être dépassée. Renaud Hétier va dans ce sens en affirmant « c’est […] pour leur violence que les contes qui établissent un rapport symbolique à la violence risquent d’être écartés ». Il faudrait donc soigner la violence par la représentation de la violence et ce sont les contes qui nous offrent les moyens de la dépasser.
Donc, n’hésitez pas de familiariser vos enfants avec le monde du conte de fées pour qu’ils aient la possibilité de profiter de tout son bienfait.