Dans la langue de Molière, il y a des expressions qui s’utilisent très souvent dans le quotidien. Nous les connaissons depuis toujours, car nos parents les employaient aussi. Certaines sont drôles, farfelues, insensées, etc. Mais savons-nous leur vraie origine ? Suivez donc notre liste et laissez vous surprissent en apprenant des choses intéressantes
SE PRENDRE UN RÂTEAU
Née très récemment (dans les années 90), l’image de cette expression est on ne peut plus claire : la douleur et la situation ridicule subies après avoir marché sur un râteau sont semblables à celles ressenties après qu’une personne s’est chargée de décliner vos avances. A noter qu’en Allemagne, une expression similaire se traduit par « recevoir un panier ». Et en espagnol, c’est plutôt la citrouille que l’on prend.
MARIAGE PLUVIEUX, MARIAGE HEUREUX
Cette expression est toujours la proie des adeptes de jeux de mots. Apparue dans la littérature au cours du XXe siècle, cette fameuse phrase tenait à donner de l’espoir aux couples malheureux subissant la pluie le jour de leur mariage. Une once d’espoir, qui, dans certains cas, se révélera totalement erronée lors du divorce survenu plus tard. Cela étant dit, certains petits malins préfèrent écrire « Mariage plus vieux, mariage heureux ». Sous-entendant que se marier à un âge plus avancé assure davantage de bonheur. Une expression similaire existe en Espagne, Italie et Pays-Bas.
POINT BARRE !
Le fameux « point barre ! » a petit à petit été remplacé par « point à la ligne ! » depuis le XXe siècle. Il existe un grand nombre d’hypothèses sur l’origine de cette expression. Néanmoins, la plus probable est issue de la dactylographie. Lorsque l’on achève une phrase avec un clavier, on utilise un point et un espace, obtenu avec la « barre » d’espace. D’où le « point barre » pour achever une discussion ou tout échange. Un grand nombre de pays enregistrent une expression synonyme, plutôt répandue sous le terme de « point final ».
AU RAS DES PÂQUERETTES
Synonyme de « ça vole bas », l’expression signifie que ladite chose ou action est désolante. La pâquerette est une petite fleur que l’on retrouve à foison dans les champs. Elle est petite et sans grand intérêt pour la plupart des personnes (sauf les enfants). Ainsi, toute blague ou parole insignifiante se retrouvera au même niveau d’indifférence que la pauvre petite fleur. Dans le Piémont (Italie), la même expression concerne les crapauds, tandis qu’en Angleterre, ce sont les coquelicots qui sont pris à partie.
COUPER LA POIRE EN DEUX
Inutile de donner une explication à cette expression : elle parle d’elle-même. Néanmoins, pourquoi une poire et non une pomme ou tout autre objet ? En 1882 (date approximative où cette expression est aperçue dans la littérature française), Félix Galipaux et Lucien Cressonnois écrivent une saynète entre deux protagonistes qui discutent. Celle-ci s’intitule « La poire en deux ». L’histoire parle de deux personnes se disputant la récitation d’un texte. L’un propose de « couper la poire en deux », de façon à ce que chacun lise un paragraphe. L’histoire s’achève sans que les deux hommes ne se soient mis d’accord. Personne ne sait si l’expression existait avant ou si c’est la saynète qui y donna naissance. Si en Espagne il semblerait que l’on coupe aussi des poires, aux Pays-Bas et en Roumanie visiblement, on préfère épargner ou concilier le chou et la chèvre.
PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES
Cette expression signifie s’attaquer à un problème en y faisant face. Elle est le contraire de « faire l’autruche » en quelque sorte. Il se pourrait que cette expression ait été ramenée par Norberto Caimo après son voyage en Espagne en 1755. Il raconte avoir vu des hommes ayant « attrapé un taureau par les cornes avant de le renverser par terre ». Signe de courage de la part des toréadors, ce récit est devenu une métaphore depuis. De nombreux pays ont repris la même image afin de définir le courage et la détermination.
UNE NUIT BLANCHE
Dans la langue française, le « blanc » signifie la « nullité » : examen blanc, mariage blanc, balle à blanc… En ce sens, une nuit blanche signifie donc l’absence de sommeil. D’autres théories confrontent les couleurs : nuit blanche vs nuit noire. Mais la plus probable des explications provient de Russie. En effet, sous le règne de Catherine II, beaucoup de Français appréciaient les étés russes. Les nuits n’y étaient jamais très sombres et c’était le moment du Festival des nuits blanches à Saint-Pétersbourg. Ainsi, outre le manque d’obscurité, la fête faisait que les gens dormaient peu et s’amusaient toute la nuit. En Espagne, Pologne et Roumanie, il existe la même expression pour indiquer l’insomnie.
À L’EAU DE ROSE
Expression née au XVe siècle, plutôt utilisée en tant qu’« eau rose ». Ce n’est qu’au XVIe siècle qu’elle devient « eau de rose ». Voltaire l’a également utilisée vers 1759 mais elle était considérée comme « vulgaire ». Néanmoins, l’eau obtenue après distillation de pétales de rose symbolise l’amour et les femmes. Nul doute qu’il s’agisse d’une mièvrerie directement liée à la féminité avec une connotation machiste.
FAIRE UNE BELLE JAMBE
A s’y méprendre, l’on pourrait croire qu’il s’agit là d’un atout de charme féminin. Or il n’en est rien ! Au contraire même, il s’agit tout simplement d’une expression issue des anciennes tenues masculines qui laissaient apercevoir les mollets galbés sous un collant moulant. Autrefois, les vêtements masculins étaient composés de haut de chausse (style de pantacourt) et de bas de chausse (un collant). Ce dernier était visible et donc, il fallait l’habiller avec goût afin d’en révéler tout le galbe. Autrement dit, « faire la belle jambe » signifiait « faire le beau ». Au XIXe siècle, l’expression « ça me fait bien la jambe » donnera naissance à « faire une belle jambe ». En Italie on préfère « faire une belle moustache » qu’une « belle jambe ».
UN CORDON BLEU
Créé par Henri III vers la fin du XVIe siècle, le cordon bleu était en fait une distinction pour le plus méritant. Chaque détenteur faisait partie d’une élite, récompensé par un ruban bleu plutôt que par de l’argent. Par la suite, les meilleures cuisinières s’entendaient dire, par plaisanterie, qu’elles pourraient être des « cordons bleus », autrement dit, prétendre à un titre élitiste. Puis en 1832, le dictionnaire de l’Académie désigne officiellement les meilleures cuisinières comme étant des cordons bleus. Le titre de « cordon bleu » a également été conservé tel quel en Allemagne et en Angleterre pour désigner les bons cuisiniers.
Et vous ? Connaissiez où utiliser vous des expressions avec des origines bizarres dans la vie de tous les jours ? Lesquelles ?